Système digestif : fonctionnement et dysfonctionnements (symptômes, causes et traitements)

Comment fonctionne la digestion ? Pourquoi prendre soin de son microbiote ?

Quels sont les paramètres nécessaires à l’absorption des nutriments ? Comment savoir d’où viennent mes troubles digestifs ?

Pour le savoir, tu peux aller chez un médecin ou un nutritionniste, et cela est nécessaire si tu souffres de troubles digestifs invalidants (c’est-à-dire qui t’empêchent de vivre sereinement ta vie ou si tu ne peux pas manger certains aliments sans avoir de troubles digestifs).

Sinon, tu peux commencer par comprendre comment fonctionne le système digestif. La digestion est un processus complexe, dont les petits dérèglements impactent fortement notre santé et notre confort. Constipation, diarrhée, carences nutritionnelles, RGO, douleurs, intolérance, flatulences… Cet article est fait pour vous !

Vous n’avez pas les bases ?

Alors partons depuis le début : les aliments que nous consommons sont constitués de nutriments nécessaires au fonctionnement de l’organisme.

Le système digestif permet de les dégrader en plus petites molécules, capables d’être utilisées par le corps. Concrètement, ces petites molécules extraites des aliments ont pour mission principale de fournir de l’énergie à l’organisme pour qu’il puisse vivre : respirer, bouger, entretien et renouvellement cellulaire, réguler les fonctions vitales dont la production d’hormones.

Pour cela, les aliments doivent être dégradés en petites molécules, qui vont passer au travers des cellules épithéliales du tube digestif pour se diriger dans le liquide interstitiel, puis dans le sang ou la lymphe, pour enfin être distribuées dans le corps entier en traversant la membrane plasmique des cellules.

Pour passer d’un aliment à un nutriment assimilable, une grande série de mécanismes est nécessaire, dont chacun est important. Et chaque grain de sable dans ce processus peut engendrer des inconforts, différents symptômes, des dysfonctionnements, des carences et des inflammations.

Comme tu le sais, tout n’est pas absorbé dans les aliments. La digestion permet également d’évacuer les déchets, les matières indigestibles ou non-digérées, les bactéries ou les cellules se détachant de la muqueuse du tube digestif. Je parle clairement du processus de défécation là, au cas où tu en doutais.

Voilà les trois raisons principales pour prendre le temps de comprendre et de veiller sur son système digestif : être capable de digérer, d’absorber et d’évacuer ! Si une étape ne se déroule pas correctement, elle entrainera des multiples impacts, autant sur le confort et que sur la santé.

Malabsorption

Les troubles de la digestion et de l’absorption conduiront, d’une part, à une mauvaise absorption des nutriments. La malabsorption est une maladie ne permettant pas aux nutriments d’être, comme son nom l’indique, absorbés efficacement. Les troubles de la digestion peuvent concerner tout l’intestin ou uniquement une partie, affecter l’assimilation de certains nutriments et substances (vitamines, lipides, sels minéraux…) ou une grande proportion. 

Les troubles de l’absorption peuvent être causés par une muqueuse endommagée de l’intestin, une ablation chirurgicale d’intestin grêle, un trouble de circulation de la lymphe…

Les signes de malabsorption sont multiples et variés : douleur, diarrhée malodorantes, flatulence, perte de poids, asthénie, crampes, voire des symptômes touchant d’autres parties du corps…  La malabsorption peut provenir des troubles en amont de l’intestin ou dans l’intestin lui-même, ne permettant pas une digestion efficace.

Et comme nous allons le voir, les nombreux mécanismes intervenant dans la digestion comportent des possibilités encore plus nombreuses de dysfonctionnements.

C’est qui, ce système digestif ?

Le système digestif est composé de deux groupes distincts d’organes :

  • Le tube digestif : bouche, pharynx, œsophage, estomac, intestin grêle, gros intestin
  • Les organes digestifs annexes : dents, langue, glandes salivaires, pancréas, vésicule biliaire, foie

La digestion comporte deux principaux mécanismes qui dont la digestion chimique (sécrétion d’eau, d’acide, d’enzymes…) et la digestion mécanique (broyage, brassage, propulsion…).

De la bouche à l’anus (oui on peut faire une phrase contenant ces deux mots sans caractère sexuel graveleux) tout est utile pour une bonne digestion.

Alors c’est parti: quels organes participent aux mécanismes digestifs et qu’advient-il des aliments une fois portés à notre bouche ?

La langue : permet de diriger les aliments, ses glandes sécrètent une enzyme (lipase linguale), qui commence la digestion des triglycérides en acides gras et en diglycérides dès leur arrivée dans l’estomac.

Les glandes salivaires libèrent de la salive, composée à 99,5% d’eau et à 0,5% de : mucus, amylase (enzyme digestive qui débute la digestion de l’amidon) et de lysozyme (enzyme capable de tuer des bactéries). La quantité et la qualité de la salive ont un impact sur la digestion et la prise de poids.

Les dents : servant, comme tu l’as bien compris, à couper, broyer, écraser les aliments. On nous l’a répété durant toute notre enfance, il faut prendre soin de ses dents ! Et pas seulement concernant les caries et l’esthétique : les bactéries présentes dans la cavité buccale peuvent passer dans le tube digestif et causer des dommages aux organes digestifs ; les infections dentaires peuvent s’étendre dans le sang et propager des foyers infectieux ; lorsque les dents sont endommagées ou incomplètes, la mastication n’est plus autant efficace et engendre des troubles de la digestion… Une petite visite chez le dentiste prochainement peut-être ?

Le pharynx : se contracte afin de faire progresser le bol alimentaire vers l’œsophage. Certaines personnes peuvent souffrir de dysphagie, qui est une difficulté à avaler. Cette affection nécessite la prise en charge rapide par un médecin.

L’œsophage :  sécrète du mucus et possède un sphincter à chaque extrémité, s’ouvrant lors de la déglutition pour faire passer les aliments. Lorsque le sphincter le reliant à l’estomac ne se referme pas bien après passage d’un aliment, une partie du bol alimentaire de l’estomac peut remonter dans l’œsophage, c’est ce que l’on appelle le reflux gastro-œsophagien, qui provoque une sensation de brûlure, qui est une affection fréquente. L’œsophage peut avoir de nombreuses maladies, l’hygiène de vie permet de favoriser la santé de cet organe et de prévenir ses maladies.

L’estomac : sa santé est essentielle au bon fonctionnement digestif et il possède plusieurs fonctions, dont les principales sont les suivantes. L’estomac sécrète le suc gastrique, contenant de l’acide chlorhydrique (qui détruit les bactéries, la majeure partie des toxines et dénature également les protéines), le facteur intrinsèque (favorisant l’absorption de la vitamine B12), la lipase gastrique (entamant la digestion des triglycérides) et de la pepsine (qui débute la digestion des protéine). Une autre enzyme, la chymosine, particulièrement présente chez l’enfant, entame la dégradation de la caséine du lait.

Les aliments peuvent être ingérés très rapidement, mais ils ne peuvent pas être digérés autant vite, l’estomac sert donc de salle d’attente, afin de conserver les aliments, tout en les malaxant, avant de les envoyer progressivement dans le duodénum (première partie de l’intestin grêle) lorsque de la place se libère.

Dès son passage dans l’estomac, le bol alimentaire est nommé chyme, qui est donc le mélange des aliments et des sucs gastriques (si tu veux imaginer à quoi ça ressemble, ben… quand tu vomis…). L’estomac se vide entre 2 et 4 heures après la dernière ingestion[i]. Les glucides sont les aliments les plus vite évacués et les lipides y restent le plus longtemps.

L’estomac peut également être victime de nombreuses maladies ou troubles : cancer, dyspepsie, gastroparésie, hernie hiatale, hypo ou hyperchlorhydrie, ulcère gastroduodénal qui est lui-même généralement causé par un autre trouble : la prolifération de la bactérie Helicobacter pylori ou la consommation chronique des AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens). L’alimentation et l’hygiène de vie peuvent à nouveau prévenir d’apparition de certaines de ces maladies.

L’intestin grêle est un peu le roi qui ne serait rien sans son royaume, il :

  • sécrète du suc intestinal qui favorise l’absorption des substances
  • sécrète du mucus
  • se contracte et se relâche, permettant une meilleure absorption des nutriments par ses parois ainsi que l’avancement du chyme (c’est ce qu’on appelle le péristaltisme, qui a lieu dans tout le tube digestif)

Le chyme reste environ 3 à 5 heures dans l’intestin grêle. Pendant ce laps de temps, certains organes annexes sécrètent du suc pancréatique et de la bile, se déversant dans l’intestin et contribuant, avec le suc intestinal, à digérer les glucides et les protéines qui ne sont pas encore totalement digérées.

90% de l’absorption des nutriments a lieu dans l’intestin grêle, le reste se déroule dans l’estomac et le gros intestin. Pour être absorbés, les nutriments vont traverser la membrane plasmique de l’intestin, qui contient de nombreux replis (villosités et microvillosités), augmentant la surface d’absorption.

Deux voies sont alors possibles pour les nutriments : la voie sanguine et la voie lymphatique. La voie sanguine est utilisée pour le glucose, les acides aminés, les petits acides gras et les vitamines hydrosolubles. Ceux-ci vont être absorbés par les cellules intestinales (entérocytes) et dirigés dans le sang en direction du le foie par la veine porte, puis seront stockés, transformés et distribués en fonction des besoins, au corps entier par les veines sus-hépatiques.

Les lipides (triglycérides) vont être récupérés par les capillaires lymphatiques des villosités intestinales pour rejoindre le réseau lymphatique, mais finiront également dans le sang, cependant, ils passeront par la veine sous-clavière (dans laquelle se déverse le réseau lymphatique).

Les calories alimentaires excédentaires sont conservées sous forme de triglycérides dans les cellules adipeuses.

L’intestin grêle peut souffrir de troubles ou maladies, dont la plupart peuvent être prévenues ou atténuées par l’alimentation et l’hygiène de vie, en voici quelques exemples :

  • Maladies inflammatoires de l’intestin (MICI) comme la maladie de Crohn, qui est caractérisée par une dérégulation du système immunitaire intestinal, engendrant une inflammation de sa paroi et endommageant la muqueuse intestinale.
  • Syndrome de l’intestin irritable (SII), qui provoque douleurs abdominales, constipation et/ou diarrhée, ballonnement, nausées…
  • Maladie cœliaque, lors de laquelle certains anticorps vont être produits lors de consommation d’un type de protéine (le gluten).  Les anticorps vont créer des dommages sur la paroi de l’intestin grêle, entrainant une malabsorption des nutriments.
  • Dysbiose intestinale, qui est un déséquilibre de la flore intestinale ou une adaptation défaillante du microbiote intestinal. Elle entraine fatigue, diarrhée et /ou constipation, douleurs, ballonnements, flatulences mais encore un déficit immunitaire. Et oui, il faut savoir qu’entre 70 et 80% de nos défenses immunitaires se trouvent dans l’intestin et sont dépendantes de la présence de bonnes bactéries.
  • Leaky Gut syndrom ou hyperperméabilité intestinale, caractérisé par un endommagement de la muqueuse de l’intestin grêle, dont les jonctions n’étant plus assez serrées pour retenir des bactéries et des déchets toxiques, ceux-ci se retrouvent dans le flux sanguin et provoqueraient une réponse auto immune de l’organisme. Maladie de société, l’hyperperméabilité intestinale peut être déclenchée par l’alimentation, la dysbiose intestinale et la consommation de certains médicaments ou d’alcool.
  • L’intestin peut aussi être victime de diverticulose, diverticulite, occlusion, tumeur, cancer… Ces pathologies nécessitent une prise en charge rapide chez un médecin.

La vésicule biliaire stocke et concentre la bile. Cette bile émulsionne les lipides, les rendant ainsi plus facilement dégradables par la lipase pancréatique.

Les maladies de la vésicule biliaires ne sont pas rares : lithiase biliaire, cholécystite, cancer, cholestase, douleurs, tumeurs, parasites… L’alimentation a encore et toujours un impact sur le développement de la majorité de ces maladies.

Le foie sécrète la bile et les sels biliaires, mais possède de nombreuses autres fonctions au niveau de la digestion à proprement parler :

  • il détoxique l’alcool, les médicaments, les hormones (…) ;
  • il stocke le glycogène, les vitamines et des minéraux.

Le foie peut avoir des maladies telles que des infections, stéatose, tumeurs, cirrhose, hémochromatose…

Bref, ce que nous pouvons retenir, c’est que l’excès de toxines, l’absorption d’alcool, les maladies auto-immunes non prises en charge ainsi qu’une mauvaise alimentation sont clairement délétères pour le foie.

Il doit être protégé ou/et stimulé en fonction des cas. Ainsi, en cas de troubles bénins, faites-vous accompagner par un professionnel compétent. La mode est au drainage du foie par les plantes, c’est ce que presque tous les naturopathes novices vous proposeront, ne sachant pas qu’un foie enflammé ne doit pas être drainé, mais en premier lieu protégé…

Le pancréas sécrète le suc pancréatique ainsi que des hormones comme l’insuline et le glucagon.

Le suc pancréatique contient des enzymes : amylase (qui digère l’amidon), la lipase (digère triglycérides), la trypsine, carboxypeptidase, chymotrypsine (digèrent protéines), la ribonucléase et désoxyribonucléase (dégradent acides nucléiques).

L’insuffisance pancréatique réduit la production de sels biliaire, entravant ainsi la digestion des lipides. Pancréatite, kyste, cancer, troubles du fonctionnement, inflammation…de lui aussi il faut prendre soin !

Le gros intestin/côlon est la dernière partie du tube digestif. Ses rôles principaux sont de :

  • terminer l’absorption
  • produire des vitamines
  • former des déjections et les évacuer.

Les bactéries, normalement présentes dans le gros intestin, dégradent les protéines restantes en acides aminés. Le gros intestin produit également des vitamine B et K, absorbe un peu d’eau, d’ions et de vitamines.

Le mouvement de péristaltisme pousse les matières fécales vers le rectum, engendrant le réflexe de défécation.  Ce réflexe de défécation est provoqué par des récepteurs qui envient des potentiels d’action partant de la moelle épinière par les nerfs parasympathiques allant jusque dans l’anus, ce qui engendre des contractions des muscles rectaux, augmentant la pression à l’intérieur du rectum (oui, c’est ça, la sensation d’avoir besoin d’aller aux toilettes). 

Heureusement, ce ne sont que les mouvements volontaires du sphincter externe qui autorisent la défécation. Et si on se retient, les fèces seront repoussées dans le côlon sigmoïde jusqu’à un nouveau mouvement de péristaltisme, qui stimulera les récepteurs.

Le chyme reste ainsi entre 3 et 10 heures dans le gros intestin et devient solide grâce à l’absorption de l’eau. Le gros intestin peut souffrir de côlon irritable/colopathie fonctionnelle, diverticules, polypes, occlusion, cancer, maladies inflammatoires chroniques… Celles-ci, encore et toujours, peuvent être prévenues par l’hygiène de vie et l’alimentation.

Le rectum peut développer cancer ou polypes, l’anus peut être victime d’hémorroïdes, thrombose, fistule, condylome, abcès, fissure anale, incontinence…

Les règles de base concernant l’hygiène de vie et en particulier l’hygiène alimentaire, mais aussi la tenue à avoir par rapport à la défécation devraient être connues de tous afin de prévenir certains de ces troubles.

Symptômes des troubles digestifs

Comme tu l’as vu, il existe de nombreuses altérations possibles du système digestif, auxquelles nous pouvons encore ajouter les déficits enzymatiques ou les troubles du brassage.

Toutes ces affections sont d’autant plus problématiques qu’elles ne sont pas toujours prises en charge rapidement. Et oui, les troubles digestifs sont encore tabous pour de nombreuses personnes. Pas toujours facile d’en parler…

Pourtant, si tu rencontres des problèmes, vraiment, consulte. Ne sois pas plus gêné que si tu parlais de l’état de ta peau ou de tes cheveux, les professionnels qui te recevront ont choisi de travailler sur ces problématiques, parce qu’elles sont intéressantes et essentielles à la santé, leur seule réflexion va être « comment puis-je l’aider ? ». Euh, et si ce n’est pas le cas (il y a des c*ns partout), fuis vers un médecin ou un thérapeute compétent.

Alors comment savoir si je souffre de troubles digestifs ?

Les symptômes les plus courants sont souvent les suivants : flatulence, ballonnement, diarrhée, constipation, douleurs digestives, intolérances, difficultés digestives…

Mais les symptômes prennent également des profils très variés comme : déficit immunitaire, affections cutanées, fatigue, migraine, dépression, angoisse, maladies auto-immunes, troubles psychologiques ou de l’humeur (dépression, angoisse…), allergies…

Bref, j’en passe ! La digestion est essentielle, la moindre défaillance peut se répercuter sur de nombreux organes ou systèmes.

Alors, comment prendre soin de son système digestif ?

Alimentation:

  • Respecter la règle des 3 V (manger vrai, végétal et varié)
  • Opter pour une alimentation en adéquation avec ses besoin individuels (et non suivre la nouvelle tendance healthy du moment!)
  • Veiller à consommer suffisamment de fibres (30 grammes par jour)

Favoriser ou rétablir l’eubiose de la flore intestinale :

  • Consommer des prébiotiques et des probiotiques
  • Eviter le contact avec les perturbateurs du système digestif
  • Consulter un médecin en cas de symptômes afin d’éliminer les causes graves
  • Consulter un nutritionniste afin d’établir un rééquilibrage alimentaire et de cicatriser, nettoyer ou/et réensemencer l’intestin, en fonction de tes besoins

Besoin d’un coup de main pour rétablir ta santé digestive? N’hésite pas à me contacter, pour une consultation en présentiel ou en ligne.


[i] Manuel d’anatomie et de physiologie humaines, Tortora Derrickson, P.556

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